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Les lignes de fracture du projet européen se creusent

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Les politiciens d’extrême droite des pays européens ont le don de ne pas laisser une bonne crise se perdre, écrit Duggan Flanakin, analyste politique au CFACT.

Alors que la renaissance de la souveraineté est au premier plan dans une Europe déchirée par des tensions aux fondements mêmes de sa solidarité, l’instrumentalisation des politiques extrêmes mine le projet européen et creuse encore davantage les lignes de fracture.

Prenons par exemple le chancelier autrichien Karl Nehammer (photo) utilisant le droit de veto de son pays pour bloquer l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l'espace Schengen, bien que ces deux pays remplissent les critères d'adhésion nécessaires.

Son seul vote contre l'adhésion de chaque pays (et en faveur de l'adhésion de la Croatie) à l'espace Schengen a non seulement perturbé les bonnes relations entre Vienne, Bucarest et Sofia, mais a également vidé la crédibilité de Nehammer à travers l'Europe.

Nehammer a utilisé des statistiques inventées et intéressées, puis a recyclé la rhétorique sur la crise des migrants de son prédécesseur, Sebastian Kurz, avec beaucoup moins d'effet, pour justifier la disqualification de la Roumanie et de la Bulgarie.

Même le président autrichien Alexander Van der Bellen a critiqué la décision en déclarant : « la décision n’était pas la bonne. Si le système Schengen ne fonctionne pas, pourquoi devrions-nous bloquer la Roumanie et la Bulgarie ? Pourquoi ne pas leur permettre de nous rejoindre ?

Les motivations politiques autrichiennes ont également joué ici un rôle important. 

Nehammer craint la montée du FPÖ, un rival de droite pour qui la migration et les réfugiés sont des chevaux de bataille électoraux. Cela contribue en partie à expliquer sa décision désespérée de veto Schengen. Après tout, lorsque les politiciens ne communiquent pas avec les électeurs et que leurs chiffres dans les sondages diminuent, ils font et disent des choses désespérées.

Lors des premières élections régionales depuis la décision du Conseil Justice et Affaires intérieures (JAI), les calculs du chancelier autrichien se sont effondrés. Le FPÖ domine toujours le classement et son avance se creuse.

Mais même si l'ÖVP (le parti de Nehammer) a réussi et gagné du terrain dans les sondages grâce à ce coup de théâtre, il démontre néanmoins un désespoir trompeur qui mine la solidarité européenne.

En réponse au veto de l'Autriche, la Roumanie s'est lancée dans une offensive diplomatique pour répondre aux préoccupations et obtenir le soutien des autres États membres de l'UE.

Les responsables roumains soulignent leur attachement aux valeurs européennes et aux normes de sécurité, soulignant la volonté de la nation de contribuer positivement à l'espace Schengen. En outre, le pays est activement engagé dans un dialogue avec d'autres pays de l'UE pour construire un consensus qui contrecarre les appréhensions réelles ou imaginaires de l'Autriche.

Mais le gouvernement roumain est également en mesure de forcer la main aux dirigeants autrichiens en les frappant là où cela fait le plus mal : leurs résultats financiers.

Profitant de ses relations commerciales avec OMV, une société pétrochimique basée à Vienne qui a privatisé PETROM, le joyau de l'industrie pétrolière et gazière roumaine, le gouvernement dirigé par Marcel Ciolacu refuse d'accorder les faveurs demandées par OMV pour l'exploration d'un champ de la mer Noire.

Une prochaine réunion trimestrielle du Conseil JAI, à la fin de cette année, déterminera si les Autrichiens seront obligés de placer le projet européen, fondé par des personnalités comme Adenauer, Schuman et Spinelli, au-dessus des jeux géopolitiques et des soi-disant « intérêts » nationaux.

L'Union européenne, déjà aux prises avec des défis internes, est confrontée à un délicat exercice d'équilibre pour gérer les retombées de la décision autrichienne. 

Trouver un équilibre entre les intérêts régionaux et les réalités géopolitiques plus larges sera crucial pour maintenir la cohésion de l’UE.

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EU Reporter publie des articles provenant de diverses sources extérieures qui expriment un large éventail de points de vue. Les positions prises dans ces articles ne sont pas nécessairement celles d'EU Reporter.

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