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Pourquoi la France prend-elle le risque d'armer l'Arménie, alliée de Moscou et de Téhéran ?

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Des informations circulent depuis plusieurs semaines selon lesquelles la France aide l'Arménie à s'armer et à se doter de systèmes de missiles anti-aériens Mistral. Ce sont les services secrets ukrainiens qui ont révélé le post rose : « Après des promesses persistantes, la France a décidé de fournir à l'Arménie des armes létales, ont indiqué des sources de la Direction générale des renseignements (GUR) du ministère. Selon la chaîne Telegram AZfront, le premier lot de 50 véhicules blindés de transport de troupes arriveront très bientôt en Arménie", écrit Sébastien Boussois.

Enclavée entre la Turquie, la Géorgie, l'Azerbaïdjan et la Russie, l'Arménie compte deux alliés majeurs d'un point de vue géostratégique et économique et qui ont renforcé leur soutien depuis le début de la guerre en Ukraine : la Russie et l'Iran. Alors que la France est dans le groupe de Minsk, qui devrait lui imposer une certaine forme de neutralité pour faciliter les négociations du processus de paix entre Azerbaïdjanais et Arméniens, elle arme désormais Erevan. Quant à la diaspora arménienne en France, qui sent pousser de nouvelles ailes depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée, elle fait passer tous ses voisins pour de dangereux prédateurs qui voudraient détruire l'Arménie, en prenant soin de ne pas crier trop fort que le pays a deux supporters dangereux, mais problématiques pour la France et l'Europe : Moscou et Téhéran.

Il semblerait qu'avec la bénédiction de la France, l'Inde fournira bientôt à Erevan des canons automoteurs "Trajan". Ce n'est pas la première fois que Delhi fait cela. Ces armes sont l'équivalent des canons Caesar qui sont donc produits en Inde avec la participation de la société française du complexe militaro-industriel, Nexter Systems. Problème : la livraison de ces armements passerait par l'Iran avant d'atteindre (si tout va bien) l'Arménie.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Paris est donc dans un périlleux exercice d'équilibriste et joue avec le feu en acceptant ce deal entre Erevan et Delhi. Le mois dernier, ce sont des sources du renseignement français qui ont confirmé que l'opération était déjà en cours et révélée par les services ukrainiens. Pour Ariel Kogan de I24news.tv, la chaîne d'information en continu israélienne, "l'armement de l'Arménie par la France pourrait faire le jeu de l'Iran"[2]. Car, force est de constater que le risque que ces armes tombent entre les mains des Iraniens est tout sauf nul. Même qu'ils rejoignent Moscou, pas totalement dénué de sens.

Mais ce n'est pas tout : les négociations de paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, soutenues par l'Union européenne, doivent viser depuis la signature de la déclaration tripartite sous l'égide de la ruse le 10 novembre 2020, la démilitarisation progressive de la région, et notamment de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan au Karabakh lui-même. Pourtant, depuis trois ans, des armes continuent de circuler vers le Karabakh depuis Erevan. Que fera l'Arménie sinon avec toutes ces armes, sinon uniquement pour le Karabakh ?

Pourquoi aujourd'hui, les services ukrainiens dénoncent-ils l'action de leur alliée, la France ? Car ils sont convaincus que toutes ces armes ne seront pas utilisées qu'à Erevan, qui aide Moscou à contourner les sanctions occidentales depuis le début de la guerre. En tant que partenaire stratégique de l'Arménie, la Russie utilise ses alliés pour faire en sorte que chacun participe à l'effort de guerre et ces armes pourraient bien rejoindre le giron de Moscou. Il en va de même économiquement de pays comme le Tadjikistan, le Kirghizistan ou le Kazakhstan qui voient exploser depuis un an et demi leurs importations en provenance de l'Occident et qui arrivent évidemment en Russie. Mais ici, on parle d'armes avec l'Arménie. Enfin, le journaliste d'I24News précise pour finir de brosser ce tableau noir de la surenchère d'approvisionnement en armes dans la région : "Moscou pourrait notamment les utiliser pour améliorer sa riposte, alors que les mêmes armes sont fournies par l'Occident en prévision de la contre-attaque ukrainienne". Cette probabilité est même extrêmement élevée, compte tenu de l'étroite coopération militaire entre la Russie et l'Arménie qui dispose de deux bases militaires russes dans le pays". Rappelons que lors des derniers affrontements violents entre les forces pro-arméniennes du Karabakh et les forces azerbaïdjanaises , Erevan avait utilisé des drones iraniens, contournant une fois de plus les sanctions imposées à ce régime comme à celui de Moscou.

Comment la France peut-elle à la fois condamner la Russie et aider l'Arménie qui aide la Russie ? C'est ne rien comprendre de plus. C'est depuis septembre 2022 et la visite du ministre arménien de la Défense Suren Papikyan à Paris que la coopération s'est accélérée. Plusieurs pays ont déjà dénoncé ce marché de dupes, à commencer par Israël, dont l'Iran reste l'ennemi numéro un et l'Azerbaïdjan un partenaire historique pour avoir notamment fourni des drones à Bakou lors de la deuxième guerre du Karabakh en septembre 2020.

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EU Reporter publie des articles provenant de diverses sources extérieures qui expriment un large éventail de points de vue. Les positions prises dans ces articles ne sont pas nécessairement celles d'EU Reporter.

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