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La Commission européenne chasse les mauvais paradis fiscaux

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La Commission européenne insiste sur le fait que les plus grands paradis fiscaux de la planète sont une pincée de petites nations tropicales du Pacifique et des Caraïbes qui représentent moins de 1 % des êtres humains vivants et produisent moins de 0.1 % du PIB mondial. Pendant ce temps, les véritables paradis fiscaux restent impunis. Bruxelles traque-t-elle vraiment les fraudeurs fiscaux ou cherche-t-elle simplement des boucs émissaires ? — Par Sela Molisa, ancien député et ministre de la République de Vanuatu et ancien gouverneur du Groupe de la Banque mondiale pour Vanuatu.

Deux fois par an, en octobre et février, la Commission européenne met à jour le «Liste de l'UE des juridictions non coopératives à des fins fiscales» (alias « la liste noire fiscale »), dont le but prétendu est de « protéger les recettes fiscales [européennes] et de lutter contre la fraude, l'évasion et les abus fiscaux ». Les deux itérations les plus récentes sont restées inchangées, à neuf noms :

• Samoa américaines (55,200 XNUMX habitants)

• Fidji (896,400 XNUMX)

• Guam (168,800 XNUMX)

• Palaos (18,100 XNUMX)

• Panama (4,315,000 XNUMX XNUMX, de loin le plus grand de la liste)

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• Samoa (198,400 XNUMX)

• Trinité-et-Tobago (1,399,000 XNUMX XNUMX)

• Îles Vierges américaines (106,300 XNUMX)

• Vanuatu (307,000 XNUMX)

Les lecteurs européens peuvent être pardonnés de ne pas être familiers avec certains de ces noms, car ils se trouvent à l'autre bout du monde et ne sont que des points dans l'économie mondiale. Néanmoins, le public devrait croire qu'il s'agit d'une liste exhaustive et définitive des destinations les plus prisées des fraudeurs fiscaux européens.

Où sont les véritables paradis fiscaux ?

Depuis sa création en 2016, la liste noire fiscale de l'UE n'a jamais été proche d'inclure les îles Vierges britanniques, le Luxembourg, Hong Kong, Jersey, les Émirats arabes unis ou l'un des autres paradis fiscaux notoires et largement documentés dans le monde. La plupart des noms figurant sur la liste noire au fil des ans faisaient partie des plus petits acteurs (Bahreïn, Belize, Maroc, Namibie, Seychelles…) dont l'impact sur l'économie mondiale et les recettes publiques des États européens est négligeable. 

En fait, à l'exception du Panama, aucune des neuf juridictions actuellement mises sur liste noire par la Commission ne figure parmi les listes du Tax Justice Network. Top 70 des paradis fiscaux pour les entreprises, une liste bien plus autorisée en la matière.

On peut aussi se tourner vers Papiers Pandore ou le récent Scandale du Crédit Suisse faire la lumière sur l'évasion fiscale qui se déroule dans le monde entier, du Delaware à la Suisse ; Le Gang of Nine de Bruxelles est introuvable ici non plus.

Parmi d'autres éminents défenseurs de la transparence fiscale critiquant la liste noire fiscale de l'UE, Oxfam a récemment souligné qu'elle devrait "pénaliser les paradis fiscaux, pas punir les pays pauvres”. En vain – deux fois par an, comme sur des roulettes, la Commission continue de débiter les noms les plus inattendus, tous des faux positifs.

Seules les petites nations sans voix font l'objet d'un examen minutieux

Cela soulève la question suivante : comment la Commission européenne parvient-elle systématiquement à dresser une liste aussi idiosyncrasique de paradis fiscaux ? Là est un processus officiel, organisé autour des trois principaux critères que sont la transparence fiscale, l'équité fiscale et la mise en place de mesures contre l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices (« anti-BEPS ») – qui sont des attentes raisonnables dans la lutte contre l'évasion fiscale.

Mais il existe un autre critère crucial qui remplace les autres : seuls les pays tiers doivent être évalués, ce qui signifie que les membres de l'UE sont automatiquement exclus. De plus, en y regardant de plus près, le processus ne tient presque jamais compte de la dépendance d'un membre de l'UE (comme les territoires français de la Polynésie française et de Saint-Martin, malgré leurs régimes fiscaux généreux) ou d'anciens membres (comme les territoires d'outre-mer britanniques, dont beaucoup haut rang sur la liste du Tax Justice Network).

Quelle que soit la rigueur appliquée au processus, il produit systématiquement une liste des économies les plus petites et les moins importantes sur la scène mondiale qui manquent généralement d'alliés puissants et sont donc pratiquement sans voix dans les capitales occidentales et au Parlement européen.

Démagogie pour les contribuables

La Commission serait certainement confrontée à un contrecoup si elle contestait publiquement les politiques budgétaires des grands et puissants paradis fiscaux où les citoyens de l'UE abritent en fait leur richesse, des îles Caïmans à Singapour en passant par certains de ses propres pays membres et voisins. Au lieu de cela, Bruxelles sauve la face en ciblant des concurrents plus petits et émergents qui n'ont pas les ressources ou les connexions pour se défendre. L'ensemble de l'exercice n'est rien d'autre qu'un théâtre pour les contribuables européens, aux dépens des petits pays en termes de coût et de réputation.

La prochaine mise à jour prévue de la liste noire des impôts est en octobre 2022. Si les bureaucrates de la Commission ont trop peur de s'attaquer aux véritables paradis fiscaux, ils devraient simplement abandonner leur loi sur la liste noire et cesser d'utiliser certaines des nations les plus pauvres de la planète comme boucs émissaires. Jusque-là, la seule évasion qui aura lieu sera que la Commission évite sa propre responsabilité.

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EU Reporter publie des articles provenant de diverses sources extérieures qui expriment un large éventail de points de vue. Les positions prises dans ces articles ne sont pas nécessairement celles d'EU Reporter.

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