EU
Aides d'État: la Commission traduit la France devant la Cour pour non récupération d'aides incompatibles auprès des compagnies aériennes
La Commission européenne a assigné la France devant la Cour européenne de justice pour ne pas avoir récupéré les aides incompatibles reçues par Ryanair et sa filiale Airport Marketing Services (AMS) pour l'utilisation des aéroports de Pau, Nîmes et Angoulême, ainsi que par Transavia pour l'utilisation de l'aéroport de Pau.
La Décisions de la Commission de 23 July 2014 (Voir aussi MEMO) ont obligé la France à récupérer près de millions d’euros d’aides d’État incompatibles auprès des compagnies aériennes. En effet, grâce à divers accords contractuels et commerciaux avec les aéroports, les compagnies aériennes ont payé moins que les coûts supplémentaires liés à leur présence dans l’aéroport. Les compagnies aériennes avaient donc bénéficié d'un avantage économique indu, qui devait être récupéré pour remédier à la distorsion de concurrence qui en résultait.
Sur la base des informations dont la Commission dispose actuellement, la France n'a pas récupéré intégralement l'aide incompatible dans le délai requis de quatre mois. Les autorités françaises ont envoyé les ordres de recouvrement mais ne sont pas en mesure de les exécuter en vertu de la législation nationale car ils font l'objet d'un recours. En vertu d'une disposition de la loi française, les ordres de recouvrement sont automatiquement suspendus en cas de recours. Cela va toutefois à l’encontre de la jurisprudence européenne établie en matière d’application des décisions de récupération par les États membres, qui empêche les juridictions nationales d’appliquer de telles dispositions lorsqu’elles statuent sur des recours contre des ordres de récupération.
Afin de garantir la mise en œuvre intégrale de ses décisions en matière d'aides d'État, la Commission a donc décidé de traduire la France devant la Cour de justice des Communautés européennes.
Contexte
Ryanair a également fait appel de deux des trois décisions de la Commission (concernant Pau et Angoulême) devant le Tribunal de l'Union européenne. Ces recours n'ont pas non plus d'effet suspensif en vertu du droit de l'Union, ce qui signifie que la France reste dans l'obligation de récupérer l'aide incompatible.
En particulier, les décisions de la Commission imposaient à la France de récupérer 0.87 millions d'euros pour Angoulême (Ryanair et AMS conjointement), 2.8m euros pour Pau (0.42m euros pour Ryanair, 1.97m euros pour Ryanair et AMS conjointement et 0.43m euros pour Transavia) et en millions d'euros 6.3 pour Nîmes (Ryanair et AMS conjointement).
Les États membres doivent récupérer les aides d'État jugées incompatibles par la Commission, dans le délai fixé dans la décision de la Commission. Ceci est très important car les retards dans la récupération des subventions illégales entretiennent la distorsion de concurrence créée par l'aide. C'est pourquoi l'article 14 du règlement n ° 659/99 et le Avis sur la mise en oeuvre des décisions ordonnant la récupération d'une aide illégale ou incompatible (regarde aussi Communiqué de presse) prévoir que les États membres récupèrent effectivement l'aide auprès du bénéficiaire sans délai. En particulier, selon la jurisprudence Scott (C-232 / 05), toute loi empêchant la mise en œuvre effective et immédiate de la décision de récupération de la Commission ne devrait pas être appliquée.
Si un État membre ne met pas en œuvre une décision de récupération, la Commission peut saisir la Cour de justice conformément à l'article 108 (2) du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE), ce qui lui permet de saisir directement les tribunaux. Cour pour violation des règles de l'UE en matière d'aides d'État.
Si un État membre ne se conforme pas à l'arrêt, la Commission peut demander à la Cour d'imposer une astreinte au titre de l'article 260 TFUE.
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