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Un obstacle à l'intégration : la crise de la corruption en Moldavie

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Mon pays, la Moldavie, est un petit pays qui lutte depuis plus de 30 ans pour trouver sa place dans un monde en constante évolution et plein de défis. Pris dans une lutte acharnée entre les forces pro-européennes et les forces pro-russes, j'ai été témoin d'une détérioration constante et parfois intentionnelle de l'État de droit au fil des gouvernements successifs, écrit Stanislav Pavlovschi.

En tant qu’ancien ministre de la Justice, j’ai été témoin du mépris de la transparence et de l’arbitraire dans lesquels la justice est appliquée. Alors que la Moldavie entame désormais les négociations sur son adhésion à l’UE, ces questions doivent être abordées. Avant que l’intégration ait lieu, il doit y avoir un effort concerté de l’intérieur pour réformer notre système judiciaire. Il est indispensable que nous ne prenions pas à la hâte des engagements que nous ne pouvons pas encore prendre et, plus important encore, que ce soit nous, Moldaves, qui puissions enfin réparer notre système judiciaire.

Soyons clairs, mon pays est confronté à de nombreux problèmes. L’ingérence russe, une économie médiocre et un faible niveau de liberté de la presse posent de sérieux défis à la Moldavie. C’est cependant la corruption, endémique dans nos institutions, qui permet à tous ces problèmes de se manifester. Les gens de ce pays ne respectent tout simplement pas nos institutions. La confiance du peuple moldave dans le gouvernement est l’une des plus faibles de toute l’Europe, et pour cause. 

Il y a seulement dix ans, près d’un quart du PIB a été volé à nos banques, des hommes politiques jusqu’à l’ancien Premier ministre étant impliqués dans ce scandale. Pour faire simple, la corruption est partout dans Moldavie et nous ne pouvons pas espérer aller de l’avant sans nous y attaquer de front. L'année dernière seulement, notre gouvernement actuel a pris des mesures pour affaiblir le Bureau du procureur anti-corruption, tandis qu'un juge de l'institution chargée de sauvegarder l'indépendance judiciaire a démissionné, comme on pouvait s'y attendre, après avoir négligé de révéler un conflit d'intérêts.

Je soutiens pleinement l’adhésion de la Moldavie à l’UE. En tant qu’ancien juge de la CEDH et avocat du Conseil de l’Europe, je suis fermement convaincu qu’un dialogue ouvert et une collaboration à travers l’Europe sont la seule voie à suivre. Il faut cependant se rendre à l'évidence. La réforme de la justice est de loin le domaine le plus sensible à réformer lors de l’adhésion à l’UE et nécessitera une transition longue et douloureuse pour mettre fin aux décennies de clientélisme qui se sont ancrées dans nos institutions. Il est à la fois encourageant et déprimant de constater que le public est parfaitement conscient de la nécessité d’une réforme de la justice – 95 % des Moldaves identifiant la réforme de la justice comme un élément essentiel de l’alignement sur l’Europe.

D’un point de vue juridique, entrer dans l’UE sans avoir au préalable mis de l’ordre dans nos affaires équivaudrait à abandonner nos tribunaux nationaux. La présence d’un tribunal supranational en Moldavie enlèvera tout élan à la résolution complète de nos problèmes, tandis que la précipitation pour satisfaire aux exigences d’entrée de l’UE conduira à une situation dans laquelle les lacunes sont comblées mais les causes profondes ne sont pas traitées. Pour combattre ce fléau, nous devons reconnaître qu’il n’existe pas de solution miracle. La corruption a pris racine dans nos systèmes éducatifs, dans notre psychologie et dans les traditions mêmes qui régissent la mise en œuvre de nos lois. C'est un cancer qui nécessite une approche multidisciplinaire pour un traitement efficace.

L’État doit relever ce défi avec un front uni, en abordant la corruption dans une perspective globale. Il est absolument crucial que les solutions viennent de nos propres rangs. Pour gagner la confiance de notre peuple, il est essentiel que les Moldaves eux-mêmes relèvent les défis auxquels notre nation est confrontée.

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Ce n’est que grâce à de tels efforts concertés que les autorités moldaves pourront espérer restaurer l’intégrité de nos institutions et restaurer la confiance dans notre système judiciaire. Le chemin à parcourir est ardu, mais s’il existe un véritable désir de changement, le succès est à notre portée.

Stanislav Pavlovschi est l'ancien ministre de la Justice de Moldavie et a été juge à la Cour européenne des droits de l'homme de 2001 à 08.

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