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Commission européenne

Exclusif : la Commission devra s'adresser à la Cour européenne pour abus de la législation sur le tabac

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La Commission européenne est confrontée à un défi majeur suite aux allégations selon lesquelles elle aurait outrepassé ses pouvoirs en publiant une directive qui tente de faire une loi, plutôt que de mettre en œuvre celle adoptée par les co-législateurs de l'UE, le Conseil et le Parlement. La Haute Cour irlandaise saisira la Cour de justice européenne de la tentative de la Commission de restreindre la vente de produits du tabac chauffés qui offrent aux fumeurs de cigarettes la possibilité de passer à une alternative plus sûre, écrit le rédacteur politique Nick Powell.

Le procès a été intenté par deux sociétés impliquées dans la vente et la commercialisation de produits du tabac chauffé en Irlande, PJ Carroll & Company et Nicoventures Trading. Ils ont reproché à l'État irlandais d'avoir transposé dans la loi une directive de la Commission européenne, au motif que la Commission avait outrepassé les pouvoirs qui lui ont été délégués par la législation sur les produits du tabac approuvée par les organes législatifs de l'UE, le Conseil et le Parlement.

Il est désormais certain que le tribunal de Dublin renverra l'affaire devant la Cour de justice européenne à Luxembourg, les avocats des deux parties étant désormais invités à se mettre d'accord sur les questions sur lesquelles la Cour se prononcera. Ce sont des questions auxquelles la Commission devra également répondre, en expliquant pourquoi elle s'est sentie en mesure d'étendre ses pouvoirs délégués pour inclure des produits exemptés en vertu de la législation initiale.

Dans son jugement, le juge Cian Ferriter estime qu'il existe des arguments bien fondés pour déclarer invalide la directive de la Commission. Cela conduirait à l’interdiction totale des produits du tabac chauffés aromatisés, y compris le glo, le produit au centre du procès. Glo chauffe mais ne brûle pas de tabac, ses utilisateurs bénéficient donc de ne pas fumer. Les entreprises qui ont porté plainte ont fait valoir que la Commission avait fait un choix politique erroné en l'interdisant.

Le juge résume cet argument en ce sens que la Commission avait effectivement interdit « une catégorie de produits du tabac qui était nouvelle sur le marché, qui n'existait pas au moment de la promulgation de la directive sur les produits du tabac en 2014 et qui n'avait pas été l’objet d’évaluations politiques et sanitaires distinctes… ».

Il estime qu'« on peut au moins soutenir qu'il s'agit d'un choix politique qui n'était ouvert qu'au législateur européen et non à la Commission ». En conséquence, il porte l'affaire devant la Cour de justice de l'Union européenne. Il demande également au tribunal luxembourgeois de se prononcer sur la méthodologie de la Commission, car elle a agi en raison de l'augmentation des ventes de produits à base de tabac chauffé mais n'a pas pris en compte la moindre quantité de tabac qu'ils contiennent par rapport aux cigarettes.

La Commission aurait dû se rendre compte qu'elle s'appuyait sur des bases juridiquement discutables. Lorsqu’ils ont adopté la directive en 2022, quatre États membres ont formellement émis une objection commune selon laquelle la directive comportait « des éléments essentiels réservés aux législateurs européens ». Ils ont ajouté que la Commission «dépassait donc les limites des pouvoirs délégués qui lui ont été accordés».

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Les quatre pays ont également averti que « cette utilisation du pouvoir délégué par la Commission est problématique et met l'équilibre institutionnel à l'épreuve, créant une insécurité juridique et des difficultés pratiques pour toutes les parties impliquées ». La Commission a été clairement avertie qu’elle faisait quelque chose de juridiquement douteux et qu’elle finirait probablement devant les tribunaux.

Une question qui ne s'adresse pas aux juges mais aux hommes politiques et aux citoyens : comment la Commission s'est-elle retrouvée dans ce pétrin ? Au moins deux facteurs semblent avoir joué ici. L’une d’elles est une tendance institutionnelle à aller trop loin, à revendiquer des pouvoirs encore plus grands qu’ils n’en ont réellement. L'autre est propre à la politique antitabac, où elle est souvent encline à suivre les vues de l'Organisation mondiale de la santé plutôt que de proposer une solution qui fonctionne pour les citoyens européens. Dans ce cas, il s'est appuyé sur la définition de l'OMS sur les produits du tabac chauffés, plutôt que de considérer cela comme une question relevant des États membres de l'UE.

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EU Reporter publie des articles provenant de diverses sources extérieures qui expriment un large éventail de points de vue. Les positions prises dans ces articles ne sont pas nécessairement celles d'EU Reporter.
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