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Opinion: La France et la Belgique devrait changer leur modèle de soins
Récemment, nous avons vu une explosion soudaine d'attention médiatique sur le fait bien connu que la France envoie des milliers de personnes handicapées dans des institutions de soins en Belgique. Comme d'habitude, cependant, il existe un risque de superficialité. Bien que la question des conditions matérielles dans ces institutions soit importante, et même s'il existe un besoin évident de normes et de leur application, nous risquons de rater la question plus profonde si nous nous concentrons uniquement sur les conditions matérielles. Le «scandale» devrait être l'occasion d'un véritable débat politique. Pourquoi les deux pays, la France et la Belgique, continuent-ils à placer autant de personnes handicapées dans des institutions résidentielles? Ne devraient-ils pas plutôt investir dans des alternatives communautaires?
En effet, ils devraient! La Convention relative aux droits des personnes handicapées, ratifiée par les deux États au cours des dernières années, stipule que les personnes handicapées ont le droit de vivre de manière indépendante et de faire partie de la communauté. En fait, bien avant la mise en place de la Convention, de nombreux États européens (comme la plupart des pays nordiques) ont systématiquement remplacé les services de type institutionnel par des services basés sur la communauté.
Depuis quatre ans, notre bureau fait partie d’une coalition qui stimule des développements similaires dans les États d’Europe centrale et orientale, où le modèle institutionnel a longtemps été dominant. L’objectif est de permettre aux personnes handicapées de vivre chez elles, dans leurs propres communautés, à proximité de leur famille, avec un soutien adéquat en fonction de leurs besoins.
Toute la philosophie de la Convention des Nations Unies en est une dans laquelle les personnes handicapées sont des sujets actifs, des détenteurs de droits, et pas seulement des objets de soins passifs. Les envoyer d'un pays à un autre pour être entreposés dans un autre pays simplement à cause des coûts moins élevés n'est pas simplement incompatible avec l'accent mis par la Convention sur l'inclusion dans la communauté - cela montre également que les personnes handicapées sont traitées comme des objets. Du point de vue de l'Union européenne et de ses quatre libertés, une telle transaction s'apparente plus à la libre circulation des marchandises qu'à celle des personnes. L’accent mis sur la rentabilité en tant qu’objet prioritaire sur les droits de l’homme et la qualité de la vie pose problème.
Enfin, outre le nombre impressionnant de Français handicapés handicapés placés dans des institutions belges, apparemment sur 6,000, les médias ont également indiqué que certains Belges de 10,000 étaient en institution dans leur propre pays. C'est en soi un problème majeur qui doit être résolu. La Commission européenne a adressé à la Belgique une recommandation spécifique par pays visant à développer des alternatives communautaires aux soins de longue durée, mais elle ne l'a également fait que dans le cadre de la rentabilité. C'est plutôt malheureux.
Certes, les alternatives communautaires pourraient finir par être moins chères que les institutions à long terme. Mais le processus de désinstitutionalisation ne peut pas être fait comme un exercice de réduction des coûts car cela risquerait de remplacer les soins institutionnels par trop peu de soins ou pas du tout. Les sociétés aisées qui se sont engagées en faveur des droits de l'homme doivent être prêtes à financer les services nécessaires pour permettre aux personnes handicapées de jouir de la plus grande autonomie, du plus haut niveau d'inclusion possible dans la communauté et de l'ensemble de leurs droits de l'homme.
Jan Jařab, représentant régional pour l'Europe du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
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