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Le retour de Trump est considéré comme une « bonne chose » pour la paix, selon une nouvelle étude

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Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche est largement perçu comme une « bonne chose » pour la paix dans le monde, l'influence américaine et le dialogue entre les principales puissances, selon une nouvelle étude, écrit Martin Banks.

Mais il indique également que ce sentiment n'est pas partagé par certains des alliés les plus proches de Washington, notamment des citoyens du Royaume-Uni, de l'UE et de la Corée du Sud.

Trump assumera la présidence pour la deuxième fois lundi (20 janvier). Il prêtera serment au Capitole américain à Washington DC vers midi, heure locale, après que le vice-président JD Vance aura prêté serment.

Il a promis d'avoir un impact immédiat dès le premier jour de son retour au pouvoir, déclarant dimanche : « Le peuple américain nous a accordé sa confiance, et en retour, nous allons lui offrir le meilleur premier jour, la première semaine la plus importante et les 100 premiers jours les plus extraordinaires de toute présidence de l'histoire américaine. »

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche intervient dans le contexte d'une étude majeure menée par le Conseil européen des relations étrangères (ECFR) en coopération avec le projet Europe in a Changing World de l'université d'Oxford. L'étude, qui s'appuie sur des données d'enquêtes menées dans 24 pays, révèle que l'attitude du public à l'égard de la puissance américaine et de son rôle mondial a changé.  

 Selon ce rapport, les États-Unis ne sont plus perçus comme « un promoteur de leurs valeurs et un défenseur mondial de l’ordre international libéral ». Au contraire, « contrairement » au discours du président élu sur le fait de « rendre sa grandeur à l’Amérique », peu de gens dans le monde voient un avenir dans lequel les États-Unis occuperont le rôle de première superpuissance mondiale.

En effet, le sondage de l’ECFR montre que la plupart des personnes interrogées considèrent que la Chine – plutôt que les États-Unis – est le pays qui assumera ce rôle dans la période à venir. Selon l’étude, cela suggère que le retour de Trump intervient alors que l’exceptionnalisme géopolitique américain « commence à s’estomper et laisse entrevoir une destination où les États-Unis se situeront parmi d’autres grandes puissances dans un monde multipolaire ».

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Les principales conclusions de la dernière enquête multinationale de l'ECFR sont les suivantes : 

  • Les citoyens des grandes puissances moyennes sont optimistes quant au retour de Donald Trump. Dans des pays comme l'Inde et la Chine, la Turquie et le Brésil, des majorités ou des pluralités pensent que le retour de Trump sera une « bonne chose » pour la paix dans le monde, leur pays et les citoyens américains. Ce constat est particulièrement prononcé en Inde (82 % des sondés le considèrent comme une « bonne chose » pour la paix dans le monde, 84 % le considèrent comme une bonne chose pour « leur pays » et 85 % comme une « bonne chose » pour les citoyens américains) et en Arabie saoudite (57 % pour la paix dans le monde, 61 % pour leur pays et 69 % pour les citoyens américains). 
  • Le discours de Trump sur la paix en Ukraine et au Moyen-Orient a eu un écho international. En Inde, par exemple, de larges majorités (65 % pour l’Ukraine, 62 % pour le Moyen-Orient) pensent que le retour de Trump rendra la paix plus probable. Cette position est également évidente en Arabie saoudite (62 % pour l’Ukraine, 54 % pour le Moyen-Orient), en Russie (61 % pour l’Ukraine, 41 % pour le Moyen-Orient), en Chine (60 % pour l’Ukraine, 48 % pour le Moyen-Orient) et aux États-Unis (52 % pour l’Ukraine, 44 % pour le Moyen-Orient). Les Ukrainiens, cependant, sont plus réticents à l’idée que Trump puisse apporter la paix, les sondés étant largement divisés sur la question (39 % pensent que son retour contribuera à apporter la paix en Ukraine, et 35 % estiment que c’est moins probable). L’optimisme quant aux capacités de Trump à faire la paix est le plus faible en Europe et en Corée du Sud.  
  • Les alliés de l’Amérique sont inquiets à propos de Trump 2.0 – et doutent qu’il apporte des changements positifs. Au Royaume-Uni, en Corée du Sud et dans les pays de l’UE – tous des alliés clés des États-Unis –, on doute que la présidence Trump puisse changer la situation en Ukraine ou au Moyen-Orient. Seuls 24 % des Américains au Royaume-Uni, 31 % en Corée du Sud et 34 % dans l’UE (résultat moyen sur 11 pays de l’UE interrogés) pensent que le retour de Trump rendrait plus probable la paix en Ukraine, tandis qu’un nombre encore plus faible de personnes (16 % au Royaume-Uni, 25 % dans l’UE et 19 % en Corée du Sud) pensent qu’il rendra plus probable la paix au Moyen-Orient. Plus généralement, seulement un Américain sur cinq dans l’UE (22 %) déclare considérer désormais les États-Unis comme un allié. Ce chiffre est en baisse significative par rapport à il y a deux ans (31 %) et contraste avec la proportion d’Américains qui considèrent l’UE comme un allié (45 %). 
  •  L’influence des États-Unis dans le monde devrait s’accroître, même si peu de personnes pensent qu’elle se traduira par une domination mondiale. L’opinion dominante, parmi les personnes interrogées, est que les États-Unis auront « davantage » d’influence mondiale au cours des dix prochaines années, mais ils ne voient pas cela comme le début d’un « retour à la grandeur de l’Amérique ». L’idée d’une domination américaine n’est pas largement partagée, avec des majorités en Chine, en Russie, en Arabie saoudite, en Turquie, en Indonésie, en Afrique du Sud, en Suisse, au Brésil, dans l’UE et au Royaume-Uni prédisant que la Chine deviendra la plus grande puissance du monde dans les vingt prochaines années. Seules les personnes en Ukraine et en Corée du Sud considèrent majoritairement qu’un tel résultat est « improbable », alors que l’opinion publique en Inde et aux États-Unis est divisée sur ce point. 

Le rapport identifie cinq groupes de citoyens distincts sur le retour de Trump à la Maison Blanche. Les « Trump Welcomers », qui sont les plus prononcés en Inde (75 %) et en Arabie saoudite (49 %), et populaires en Russie (38 %), en Afrique du Sud (35 %), en Chine (34 %) et au Brésil (33 %), voient le président élu comme positif pour les Américains et pour la paix dans le monde. Les « Never Trumpers », qui enregistrent les parts les plus élevées de l'opinion publique au Royaume-Uni (50 %), en Suisse (37 %) et dans l'UE (28 %), voient sa victoire d'un œil négatif, à la fois pour les citoyens américains et pour la paix dans le monde. Les « Peace-seekers », qui considèrent la réélection de Trump comme meilleure pour la paix dans le monde que pour les citoyens américains, sont les plus nombreux en Chine (21 %), en Suisse (16 %) et en Ukraine (13 %). Les « Conflicted », qui viennent de pays qui risquent de voir les Américains relocaliser leurs activités – dont 48 % des Sud-Coréens – pensent que l'élection de Trump est pire pour la paix dans le monde que pour les citoyens américains. Enfin, il y a les « incertains », qui adoptent une attitude prudente et attentiste, estimant que Trump n’est « ni bon ni mauvais » pour les citoyens américains et la paix dans le monde. Cette position est particulièrement prononcée en Ukraine (20 %) et en Russie (16 %). 

L'étude révèle que l'UE jouit d'une grande estime et que beaucoup de personnes voient son influence croître. Les majorités en Inde (62 %), en Afrique du Sud (60 %), au Brésil (58 %) et en Arabie saoudite (51 %), ainsi que les majorités en Ukraine (49 %), en Turquie (48 %), en Chine (44 %), en Indonésie (42 %) et aux États-Unis (38 %) pensent que l'UE exercera « davantage d'influence » à l'échelle mondiale au cours de la prochaine décennie. L'UE est également largement considérée comme un « allié » ou un « partenaire nécessaire » par les personnes interrogées dans les pays étudiés. Cette opinion est particulièrement prononcée en Ukraine (93 % allié ou partenaire, contre 4 % rival ou adversaire), aux États-Unis (76 % allié ou partenaire, contre 9 % rival ou adversaire), en Corée du Sud (79 % contre 14 %). Mais c'est également une opinion majoritaire partout ailleurs, sauf en Russie.  

Les experts en politique étrangère et auteurs du rapport, Mark Leonard, Ivan Krastev et Timothy Garton Ash, suggèrent que les dirigeants européens pourraient avoir du mal à trouver une unité interne ou des alliés mondiaux s'ils tentent de façonner une résistance libérale mondiale au président élu. Au cours des deux dernières années, alors que l'administration Biden se tenait aux côtés de l'Europe dans le cadre de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, il était encore possible de parler d'une « L’Occident uni » en matière de politique étrangère.

Cependant, avec le retour de Trump, les divisions ne se limitent pas aux États-Unis et à l’Europe, ainsi qu’à d’autres alliés clés comme la Corée du Sud, mais au sein même de l’UE.  

 Les auteurs identifient les tendances qui pourraient aider l'UE dans ce contexte et l'aider à devenir plus forte et plus unie dans la période à venir. Tout d'abord, son sentiment de certitude quant à ses propres intérêts et à la façon dont elle façonne ses relations avec les puissances. Ensuite, la perception mondiale de son statut de puissance mondiale et de son influence croissante.

Enfin, son potentiel de partenariats stratégiques avec des pays comme le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, où l’UE est généralement perçue comme puissante et comme un allié ou un partenaire. Le récent accord commercial UE-Mercosur montre le type d’accords qu’une UE plus unie pourrait conclure, notent les auteurs, et recommandent qu’au lieu de se poser en arbitre moral, l’Europe renforce sa force intérieure et cherche à nouer de nouveaux partenariats bilatéraux pour défendre ses propres valeurs. 

Commentant ces résultats, Ivan Krastev, co-auteur et président du Centre for Liberal Strategies, a déclaré : « L’Europe est assez seule dans son anxiété face au retour de Trump à la Maison Blanche. Alors que de nombreux Européens voient le président élu comme un perturbateur, d’autres, ailleurs dans le monde, le voient comme un artisan de paix. Cette position place l’Europe à la croisée des chemins dans ses relations avec la nouvelle administration américaine. » 

Mark Leonard, cofondateur et directeur de l’ECFR, a ajouté : « Bien que de nombreux Européens s’inquiètent de la perspective de voir Trump à la Maison Blanche, la plupart des autres pays du monde pensent que sa présidence sera bénéfique pour les États-Unis, le monde et la paix en Ukraine et au Moyen-Orient. Plutôt que d’essayer de mener une résistance mondiale contre Trump, les Européens devraient assumer la responsabilité de leurs propres intérêts et trouver des moyens de construire de nouvelles relations dans un monde plus transactionnel. » 

Timothy Garton Ash, co-auteur et historien, a déclaré : « L’Europe est peut-être presque seule dans un monde trumpien, mais cela ne signifie pas que nous, Européens, sommes impuissants. Ce nouvel espace transactionnel offre des opportunités d’alliances et d’influence. En effet, le fait même que l’UE soit tenue en si haute estime par les citoyens de tant de pays et qu’elle devrait même gagner en force au cours de la prochaine décennie devrait donner aux dirigeants l’espoir qu’il y a de la place pour une Europe forte et indépendante dans le monde. » 

 La nouvelle enquête et l’analyse qui l’accompagne font partie d’un projet plus vaste du Conseil européen des relations étrangères visant à comprendre les points de vue des citoyens sur les grandes questions mondiales.

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