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Le refus de se repentir des péchés de corruption laisse l'État maltais au purgatoire

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Le pape François a eu ses saintes mains pleines au cours du mois dernier. Il s'est placé au cœur de la réponse à la crise en Ukraine, condamnant avec force les atrocités russes et s'engageant à faire « tout ce qu'il peut » pour aider à mettre fin au conflit. Une visite papale à Kiev n'étant pas encore possible, François continue d'honorer un calendrier de voyage chargé, sa dernière destination étant la pittoresque nation insulaire méditerranéenne de Malte.

Un pays pieux où 85% de la population d'environ un demi-million professe la foi catholique, sa sainteté n'était pas d'humeur à flatter le public lors de la visite du week-end. Invariablement influencé par les masses de réfugiés ukrainiens innocents chassés de chez eux par la guerre, François a mis en lumière une crise migratoire croissante à Malte - une route clé pour les migrants qui traversent la Libye, à la pointe de l'Afrique, vers l'Europe.

Les précautions du pape ne s'arrêtent pas là. De manière significative, il a attiré l'attention sur un autre grave problème de la société maltaise : celui de la corruption.

Lors du premier engagement du Souverain Pontife lors de sa visite, il a rencontré les autorités, la société civile et le corps diplomatique dans la capitale maltaise de La Valette pour insister sur le besoin « d'honnêteté, de justice, de sens du devoir et de transparence… comme piliers essentiels de une société civile mature ». Ses paroles semblaient sonner l'alarme pour l'avenir de la nation insulaire. Il a ajouté: "Puissiez-vous toujours cultiver la légalité et la transparence qui permettront l'éradication de la corruption et de la criminalité, dont aucune n'agit ouvertement et au grand jour." Cependant, la transparence fait cruellement défaut dans le système politique maltais et son économie depuis de nombreuses années.

Mené par son système douteux de visa d'or, le système financier de Malte est au mieux transparent, au pire opaque. L'année dernière, Malte est devenue le premier pays de l'UE à être placé sur la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI), prenant sa place de honte aux côtés de la Syrie et du Zimbabwe.

Les évaluateurs du GAFI sont en fait à Malte cette semaine pour décider s'il convient d'accorder un retrait de la liste et les responsables gouvernementaux espèrent avoir adopté les réformes nécessaires. En réalité, l'exercice de saut au cerceau du GAFI semble n'être rien de plus qu'une solution de fortune.

L'adhésion de Malte à la Partenariat pour un gouvernement ouvert (OGP) - une initiative multilatérale qui sécurise les engagements concrets des gouvernements vers une manière de travailler plus transparente - a été classé comme "inactif" depuis le mois dernier. Depuis 2017, Malte n'a pas mis en œuvre de nouveaux plans d'action pour promouvoir les valeurs démocratiques et l'engagement civique pendant trois cycles de plans d'action consécutifs.

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En juin de l'année dernière, la Fondation Daphne Caruana Galizia, ainsi que plusieurs autres ONG maltaises, ont envoyé une lettre au gouvernement pour exprimer à quel point ils étaient "profondément préoccupés" par "le récent manque d'engagement et d'engagement de Malte" à ses obligations. Si le pays ne dépose pas de rapports de transparence d'ici mars 2023, son adhésion à l'OGP sera révoquée. Trois coups et vous êtes éliminé.

L'intervention de la Fondation Daphne Caruana Galizia sert également de rappel brutal du peu de progrès réalisés dans la poursuite des responsables de la mort du journaliste assassiné.

Alors que son meurtre en 2017 a secoué la nation, l'environnement politique qui a permis que cela se produise n'a pas changé du tout. Les frères Degiorgio, actuellement en prison pour le meurtre de Caruana Galizia, ont récemment demandé que leur cas soit réexaminé dans le cadre d'une nouvelle demande de grâce. En échange, ils offrent des informations sur un ministre qui, selon eux, est impliqué dans le meurtre. En 2019, de hauts responsables du gouvernement, dont Konrad Mizzi, le ministre du Tourisme, ont démissionné sur les allégations d'implication dans le complot d'assassinat.

Contrairement aux propos du pape, la corruption et la criminalité opèrent au grand jour maltais. Le programme de passeports dorés susmentionné, accordant la citoyenneté européenne aux riches Russes moyennant des frais élevés, a rapporté au pays jusqu'à 1 milliard d'euros depuis 2014. Sous la pression de l'UE, le gouvernement de Robert Abela a interrompu à contrecœur le programme pour les ressortissants russes et biélorusses comme une réponse à la guerre en Ukraine. Ce ne sera pas une décision permanente car Malte a repoussé les appels de l'UE à éradiquer le système, ce qui pourrait conduire à ce que l'affaire soit portée devant la Cour de justice de l'Union européenne.

Le pape François a certainement fait valoir son point de vue. La question de savoir si l'administration actuelle écoutera, venant de remporter une majorité écrasante sur un ticket qui rejetait la nécessité de réformer, est une autre question.

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EU Reporter publie des articles provenant de diverses sources extérieures qui expriment un large éventail de points de vue. Les positions prises dans ces articles ne sont pas nécessairement celles d'EU Reporter.

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