Antisémitisme
Combattre l'antisémitisme : quand Trump ouvre la voie

Depuis le 20 janvier 2025, date importante du retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, une vague de changements a balayé les initiatives du gouvernement américain, notamment en matière de lutte contre l'antisémitisme, tant sur le plan international qu'intérieur. Trump a rapidement tenu ses promesses de campagne en prenant des mesures importantes qui méritent notre attention et pourraient être adoptées par d'autres pays, dont la Belgique. écrivez Richard Laub et Yossi Lempkowicz.
Sur la scène internationale, Trump a agi avec une détermination remarquable. L'une de ses décisions les plus marquantes a été de sanctionner la Cour pénale internationale (CPI), qui avait émis, à la demande de son procureur Karim Khan, un mandat d'arrêt contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant. Cette approche est inédite, car elle instrumentalise une cour qui n'a aucune compétence sur l'État d'Israël, État démocratique non signataire du Statut de Rome, tout en bafouant les principes fondateurs de la CPI, censée ne juger que les affaires dans les pays où l'État de droit n'est pas respecté.
Trump a également suspendu le financement de l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), une organisation qui perpétue le statut de réfugiés palestiniens de génération en génération, dont de nombreux membres ont participé au pogrom du 7 octobre, et qui promeut l'éducation antisémite dès le plus jeune âge, à travers des manuels scolaires remplis de propagande judéophobe.
Trump a également nommé Elise Stefanik à la tête de la représentation américaine aux Nations Unies. Elle s'est élevée contre l'antisionisme radical qui, selon elle, alimente l'organisation internationale, le qualifiant de forme moderne d'antisémitisme. Sa détermination se reflète dans ses discours, où elle décrit les Nations Unies comme un « foyer d'antisémitisme rampant », tout en promettant de démanteler l'UNRWA pour les raisons évoquées précédemment et en évoquant la possibilité de retirer les États-Unis de la Cour internationale de Justice. Cette dernière enquête en effet, à la demande de l'Afrique du Sud, sur l'affaire absurde accusant Israël de génocide contre le peuple palestinien.
Sur le plan national, la réponse du président Trump à la recrudescence des actes antisémites depuis le 7 octobre 2023 a été tout aussi décisive. Le 29 janvier, il a publié un décret exigeant de toutes les agences gouvernementales qu'elles adoptent une définition de l'antisémitisme conforme aux normes de la Convention de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste et les exhorte à soumettre dans les 60 jours un rapport identifiant toutes les mesures civiles et pénales qui pourraient être prises pour enrayer ou combattre l'antisémitisme.
Il faut noter que cette initiative aurait été en partie superflue si le Sénat, contrôlé par les démocrates jusqu'à fin 2024, avait approuvé l'Antisemitism Awareness Act, un projet de loi bipartisan qui avait déjà été voté par la Chambre des représentants, mais que Chuck Schumer, le leader démocrate, a refusé de soumettre au vote du Sénat pour éviter d'exposer les divisions internes de son parti sur cette question.
Suite à ce décret, le ministère de la Justice a mis en place un groupe de travail interinstitutions dédié à la lutte contre l'antisémitisme, chargé d'enquêter et de sanctionner les actes judéophobes, en particulier sur les campus universitaires. Par cette décision, Trump répond à la détresse de nombreux étudiants juifs confrontés à l'intimidation, à la discrimination et parfois à des agressions physiques dans des environnements qui devraient, au contraire, être des sanctuaires de savoir et de tolérance.
Les enquêtes lancées par les ministères de la Justice, de l'Éducation et de la Santé sur plusieurs universités et facultés de médecine prestigieuses (Harvard, Columbia, Brown, Johns Hopkins) mettent en évidence un changement de paradigme. Ce n'est plus la nécessité de prouver les abus qui déclenche les enquêtes, mais la volonté proactive d'examiner les comportements inacceptables sur les campus universitaires.
Les premières mesures prises par l’administration Trump suite à ce décret, comme la menace de couper les fonds fédéraux et/ou de révoquer les visas des étudiants étrangers participant aux manifestations pro-Hamas, envoient un message clair : les réponses timides aux actes d’intimidation et de harcèlement ne seront plus tolérées.
La première décision concrète est tombée rapidement. Le 7 mars, une annonce choc a secoué le monde universitaire : le retrait immédiat de 400 millions de dollars de fonds fédéraux alloués à l’Université Columbia, l’une des institutions phares de l’Ivy League. La raison ? La passivité des autorités académiques face aux actes antisémites perpétrés sur le campus de l’université, devenu symbole des tensions liées aux manifestations pro-palestiniennes de 2024. La présidente par intérim de Columbia, Katherine Armstrong, a immédiatement reconnu les manquements disciplinaires de son institution et s’est déclarée prête à collaborer étroitement avec l’administration Trump pour remédier à la situation. Cette décision a été suivie, le 9 mars, de l’arrestation de Mahmoud Khalil, l’un des meneurs des manifestations pro-palestiniennes à Columbia, pour activités liées au Hamas.
Ces efforts témoignent de l'importance d'une approche résolue et directe face à un problème aussi répandu. Les mesures mises en place aux États-Unis soulèvent une question cruciale que la Belgique doit également examiner : quels enseignements pouvons-nous tirer de cette approche proactive ? Cette question est d'autant plus pertinente que notre pays, aux côtés de l'Irlande et de l'Espagne, figure malheureusement parmi les trois pays les plus touchés par le fléau de l'antisémitisme.
Pour répondre à cette urgence, notre pays doit relever trois défis :
Il est urgent que nos élites politiques, médiatiques, universitaires et culturelles, souvent gangrenées par un antisionisme radical, reconnaissent pleinement que cela représente le nouveau visage de l'antisémitisme. Sans reconnaissance du mal, toute guérison est impossible.
La deuxième urgence réside dans la compréhension que le clientélisme politique envers la population musulmane de Belgique, qui motive souvent nos élites à adopter un antisionisme radical, finira par se retourner contre les intérêts vitaux de notre pays. Selon la formule établie : il commence presque toujours par les Juifs, mais se termine rarement par eux.
Enfin, il est impératif de ne pas succomber à un anti-Trumpisme primaire, qui anime fréquemment une grande partie de nos élites. Ce biais cognitif entrave la pensée critique et conduit au rejet systématique de toute solution, simplement parce qu'elle émane de Donald Trump, même lorsque ses propositions sont sensées, pertinentes et nécessaires.
Sans une attention critique à ces questions et une prise de conscience indispensable, nous risquons de voir la Belgique, dans cinquante ans, devenir l’un des premiers pays européens déclarés « Judenrein ».
Richard Laub est un entrepreneur belge, Yossi Lempkowicz est rédacteur en chef de European Jewish Press.
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