Religion
Meurtres antisémites à Manchester : il est temps de reconnaître enfin ce schéma pour ce qu’il est et d’agir en conséquence.
L'attaque brutale et meurtrière perpétrée devant la synagogue de Heaton Park à Manchester le jour de Yom Kippour n'était pas un acte de folie isolé, écrit le rabbin Menachem Margolin, président de l'Association juive européenne (EJA). Elle a rappelé avec force que, pour les Juifs d'Europe, la question n'est plus de savoir si de telles attaques auront lieu, mais quand et où la prochaine aura lieu.
Lorsqu'une voiture fonce sur des fidèles et qu'un couteau est dégainé devant une synagogue pendant le jour le plus saint de l'année juive, nous ne sommes pas témoins d'un crime aléatoire. Nous constatons le résultat final d'un climat qui a trop longtemps perduré. Pour les communautés juives d'Europe, le constat était déjà clair depuis des années : le continent n'a pas su les protéger de la progression constante de l'antisémitisme.
Il y a douze mois, l’Association juive européenne – parfaitement consciente des conséquences ressenties par les communautés juives à travers le continent – a appelé les gouvernements à déclarer l’état d’urgence contre l’antisémitisme.
Il ne s’agissait pas d’une tentative de faire la une des journaux, mais d’un appel sincère et désespéré à l’action.
Nous avions prévenu que la montée des crimes haineux, la radicalisation croissante des manifestations et le langage corrosif contre Israël convergeaient vers une véritable tempête de haine. Rares étaient ceux qui l'ont écouté. À Manchester, la tempête a éclaté une fois de plus. Demain, elle pourrait éclater à Paris, Berlin ou Bruxelles.
Nous devons abandonner l'illusion que ces attentats sont des anomalies. Ils sont les symptômes d'un mal qui s'est répandu dans nos démocraties, un mal qui mute au gré des vents politiques dominants, mais qui finit toujours par se retourner contre les Juifs.
La protection des Juifs d'Europe n'est pas une « question juive ». C'est un test pour l'Europe elle-même. Si nous ne pouvons garantir la sécurité de la plus petite minorité du continent, nous ne pouvons prétendre défendre les principes de démocratie, de tolérance et de pluralisme qui sont censés nous définir.
Le choix nous appartient : soit nous continuons à traiter chaque attaque comme un acte isolé, soit nous reconnaissons enfin la réalité du phénomène et agissons en conséquence. La question n’est pas de savoir si une autre synagogue sera prise pour cible, mais si l’Europe sera préparée à ce moment-là.
La montée de « l’antisémitisme israélisé »
Aujourd'hui, nous ne sommes plus confrontés à l'antisémitisme des années 1930, en uniforme et sous bannières. Il est aujourd'hui bien plus insidieux, plus acceptable pour le débat public et, par conséquent, à bien des égards, plus puissant et plus dangereux.
Les chercheurs, notamment ceux de l’Institut Segerstedt en Suède, décrivent ce phénomène comme un antisémitisme israélisé : un brouillage des frontières entre la critique légitime d’Israël et la haine des Juifs en tant que collectif.
Le fonctionnement est le suivant : Israël est diabolisé et qualifié d’État criminel, accusé de génocide et assimilé au nazisme. Ces exagérations ne se cantonnent pas au domaine politique. Elles se propagent, se transforment et touchent les Juifs de Paris, Manchester, Anvers ou Copenhague, qui se retrouvent soudain perçus non plus comme des citoyens européens, mais comme des prolongements d’une puissance étrangère méprisée.
Pour éviter tout doute, l'agresseur de Manchester, venu de Syrie au Royaume-Uni, n'a pas interrogé les fidèles sur leur point de vue sur le Moyen-Orient. Il a vu des Juifs, et cela lui a suffi.
Ce que l’Europe doit faire maintenant
L’Europe doit agir sur deux fronts : immédiatement et à long terme.
À court terme, les gouvernements doivent assurer le plus haut niveau de sécurité aux synagogues, aux écoles juives et aux centres communautaires. La présence policière, la coopération en matière de renseignement et les capacités d'intervention rapide doivent être renforcées pour répondre à la réalité de la menace. Toute mesure inférieure relève de la négligence.
Mais à long terme, les mesures de sécurité à elles seules ne nous sauveront pas, pas plus que l'enfermement des communautés juives derrière des clôtures et des barrages policiers. Les responsables politiques, les leaders d'opinion et les médias ont le devoir de cesser d'alimenter un climat où Israël est diabolisé sans relâche et où l'antisémitisme trouve de l'oxygène sous couvert de discours politiques.
La critique légitime d'Israël est non seulement acceptable, mais nécessaire dans toute démocratie. Mais lorsque le langage dérive vers la culpabilisation collective, la délégitimation de l'existence d'Israël ou des slogans appelant à sa destruction, alors nous ne débattons plus de politique étrangère : nous banalisons l'antisémitisme.
L'Europe ne peut pas se permettre d'attendre un autre Manchester, un autre Toulouse, une autre Halle. Les signaux d'alarme sont au vert. Les communautés juives tirent la sonnette d'alarme depuis des années.
Le danger n'est pas abstrait. Il est présent, visible et mortel. Et il doit cesser. Immédiatement.
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