Kazakhstan
Le Kazakhstan signale une transition politique – Mais est-ce le début d’un véritable changement ?

Lors du Forum international d'Astana en mai 2025, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a prononcé un discours qui pourrait s'avérer déterminant pour l'évolution politique du pays – ou, à tout le moins, constituer un signal calculé adressé à l'élite dirigeante. Qualifiant la présidence de « manager salarié » avec un mandat fixe de sept ans, Tokaïev a semblé prôner un modèle de leadership fondé sur un mandat limité et une responsabilité institutionnelle. écrit Gary Cartwright.
Pour les observateurs attentifs de la politique d'Asie centrale, cela dépassait la simple rhétorique. Dans l'environnement politique très structuré du Kazakhstan, ce genre de discours est souvent interprété comme un message codé. Le commentaire de Tokaïev a depuis suscité de discrètes spéculations : un transfert de pouvoir encadré est-il déjà en préparation ?
Déballer le contexte : de la stabilité au réalignement subtil
Depuis son indépendance en 1991, le Kazakhstan s'est positionné comme une source de stabilité dans une région géopolitiquement sensible. Sous le long mandat de Noursoultan Nazarbaïev, le pays a développé un système politique centralisé caractérisé par la continuité des élites et des processus électoraux étroitement contrôlés. Ce cadre est resté largement intact même après la succession officielle de Kassym-Jomart Tokaïev en 2019.
Les troubles de janvier 2022 ont marqué un tournant décisif. Des manifestations généralisées, une répression violente et des divisions visibles au sein de l'élite dirigeante ont révélé la fragilité de l'ordre établi. Tokaïev a réagi en marginalisant les figures clés de l'ère Nazarbaïev, en consolidant son pouvoir et en rebaptisant son administration dans le cadre de l'initiative « Nouveau Kazakhstan ».
Bien que son mandat actuel coure jusqu'en 2029, le calendrier électoral du Kazakhstan a toujours fait preuve d'une certaine flexibilité. Les élections anticipées ont été utilisées comme un outil politique, permettant aux titulaires de façonner le calendrier et le déroulement des transitions. La récente description par Tokaïev de la présidence comme d'une durée déterminée plutôt que d'un mandat personnel a été largement interprétée dans les cercles politiques comme un signe potentiel que la planification de la succession pourrait déjà être en cours.
Les manœuvres de l'élite commencent en coulisses
La réaction des acteurs politiques a été rapide, quoique discrète. En quelques jours, des manœuvres en coulisses ont commencé à émerger. Des personnalités et des factions clés ont commencé à réajuster leurs positions, tandis que des discussions informelles sur des successeurs potentiels ont pris de l'ampleur. Certains observateurs ont souligné la notoriété croissante de Le député Askhat Aimagambetov (photo) comme candidat possible, même si aucun favori clair n'a encore été identifié.
Bien qu'encore à ses débuts, cette phase est considérée comme cruciale. Dans le système politique kazakh, les transitions de pouvoir sont rarement déterminées par des élections libres. Elles sont plutôt façonnées par des négociations entre élites, une gestion de l'influence et une communication publique rigoureusement orchestrée. Le processus actuel semble se dérouler conformément à ce modèle établi.
Équilibrer la réforme interne avec les pressions externes
Tout changement politique potentiel au Kazakhstan doit être envisagé dans le contexte de son positionnement géopolitique. Bordé par la Russie et la Chine, et entretenant des liens étroits avec l'Union européenne, le Kazakhstan adhère depuis longtemps à une politique étrangère multidimensionnelle, équilibrant soigneusement les intérêts des grandes puissances tout en évitant une dépendance excessive à l'égard d'une seule d'entre elles.
La guerre en Ukraine a complexifié cette stratégie. Les attentes de Moscou quant à un alignement politique des États post-soviétiques se sont accentuées. Tokaïev, cependant, a adopté une position nettement indépendante : il a refusé de reconnaître les entités séparatistes soutenues par la Russie en Ukraine, réaffirmé l'engagement du Kazakhstan en faveur de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et poursuivi une coopération plus étroite avec l'UE et la Chine.
Pour Bruxelles, cela place le Kazakhstan dans la catégorie des partenaires stratégiques, notamment dans les domaines des matières premières essentielles, de la diversification énergétique et des corridors de transport transcaspiens. La crédibilité et l'orientation des futurs dirigeants du Kazakhstan seront un facteur clé pour déterminer l'orientation et la profondeur de cet engagement.
Un point d’inflexion subtil mais stratégique
Qu'il s'agisse d'une véritable expression de modestie politique ou d'un signal calculé pour amorcer la succession, les propos de Tokaïev ont déjà provoqué des changements dans la dynamique des élites et le discours public. Le Kazakhstan se trouve désormais à un tournant stratégique, où l'équilibre entre continuité et changement maîtrisé nécessitera une gestion prudente.
Pour l'Union européenne, il ne s'agit pas seulement d'une évolution interne. L'orientation interne du Kazakhstan est étroitement liée à sa position géopolitique. Un leadership stable et réformateur à Astana est essentiel pour promouvoir les intérêts de l'UE en matière de sécurité énergétique, de matières premières essentielles, de connectivité régionale et de stabilité plus large en Asie centrale.
La question clé est de savoir si la déclaration de Tokaïev marque le début d'une ouverture politique substantielle ou simplement une reconfiguration du pouvoir au sein du système existant. L'un ou l'autre scénario aura des conséquences importantes, et l'Europe devra rester attentive à l'évolution des événements.
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