Le Tabac
L'Europe se trouve à un moment charnière du débat mondial sur les politiques relatives au tabac et à la nicotine.
Alors que les gouvernements se préparent à la COP11 de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) et à la Réunion des Parties (MOP4) qui se tiendra à Genève du 15 au 22 novembre, l'Europe se trouve divisée sur la question de savoir jusqu'où aller dans la réglementation du tabac et des nouveaux produits nicotinés, cherchant à équilibrer la santé publique, les intérêts fiscaux et l'influence d'une industrie puissante.
Un carrefour pour la lutte antitabac mondiale
Près de vingt ans après l'entrée en vigueur de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), des délégués de plus de 180 pays se réuniront à Genève pour évaluer les progrès réalisés à l'échelle mondiale et examiner de nouvelles mesures visant à freiner la consommation de tabac.
Les réunions, qui se déroulent à partir de 15-22 novembre 2025Ces mesures arrivent à un moment décisif. Le programme comprend des propositions visant à renforcer l'interdiction de la publicité, à imposer le paquet neutre, à augmenter les taxes d'accise et à améliorer la surveillance des nouveaux produits nicotinés tels que les cigarettes électroniques et le tabac chauffé.
Dans le même temps, Les États membres de l'UE débattent de l'étendue que devrait atteindre la position européenne sur les restrictions en matière de tabac.alors que Bruxelles finalise sa position pour la COP11 et prépare les prochaines révisions de la Directive sur les produits du tabac (DPT) et la Directive sur les accises sur le tabac (TED)Les conclusions de la conférence de Genève influenceront probablement ces processus législatifs pour les années à venir.
Les chiffres qui sous-tendent le débat
Le tabac demeure la principale cause de décès évitable dans l'Union européenne, responsable d'environ 700,000 morts chaque annéeSelon les données de l'OMS, la prévalence du tabagisme s'élève à environ 23 à 25 pour cent, bien que les chiffres varient considérablement — de moins de 10 % en Suède, qui a adopté des produits alternatifs à la nicotine, à plus de 35 % dans certaines régions d'Europe de l'Est et des Balkans.
La consommation mondiale de tabac a diminué d'environ un tiers depuis 2000, mais les progrès sont inégaux. La hausse rapide de nouveaux systèmes d'administration de nicotine — notamment les cigarettes électroniques, les sachets de nicotine et les dispositifs de tabac chauffé — a suscité un débat quant à savoir si ces produits aident les fumeurs à arrêter de fumer ou s'ils créent simplement de nouvelles formes de dépendance, en particulier chez les jeunes.
Philosophies divergentes : réduction des risques contre prohibition
Les experts en santé publique restent divisés sur la meilleure façon de traiter les technologies de la nicotine. Certains scientifiques et régulateurs européens, notamment dans le Royaume-Uni et Suède, préconiser un modèle de réduction des risquesencourageant la transition des cigarettes combustibles vers des alternatives moins nocives. D'autres, notamment au sein de l'OMS et de plusieurs États membres de l'UE, mettent en garde contre les risques liés aux produits promus par l'industrie. normaliser la consommation de nicotine et compromettant des décennies de progrès dans la lutte contre le tabagisme.
Lors de la COP11, ce clivage philosophique refera probablement surface dans les débats sur Article 5.3 de la CCLAT — protéger les politiques contre l'ingérence de l'industrie — et si nouveaux produits Les cigarettes devraient être soumises aux mêmes restrictions que les cigarettes classiques. L'OMS préconise des contrôles stricts, invoquant la forte augmentation du nombre de jeunes consommateurs ; les groupes industriels rétorquent qu'une réglementation excessive pourrait inciter les fumeurs à revenir aux cigarettes et freiner l'innovation.
La Commission européenne sous surveillance
Au sein de l'UE, la gestion par la Commission européenne de la politique relative au tabac et à la nicotine suscite à la fois des éloges et des critiques.
Les partisans d'un contrôle plus strict voient dans la Commission interdiction totale de la taxation et de la publicité comme étant vitales pour la santé publique. Mais les groupes de la société civile tels que Réseau européen pour la prévention du tabagisme (ENSP) La crainte que l'arrêt de certaines subventions opérationnelles aux ONG n'ait affaibli le plaidoyer indépendant laisse place à… influence de l'industrie.
Par ailleurs, plusieurs États membres — dont l'Italie, la Roumanie et la Bulgarie — ont été accusés par des militants de résister à des mesures plus strictes en raison d'intérêts nationaux liés au tabac.
En Pologne, les organisations de producteurs de tabac ont organisé une manifestation nationale d'agriculteurs dans la capitale du pays le lundi 3 novembre 2025. Selon divers médias locaux, les producteurs avertissent que les changements et réglementations prévus par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Commission européenne (CE) entraîneraient l'effondrement de la culture du tabac en Pologne.
Dans une déclaration commune, les organisations ont exprimé leur profonde inquiétude face à ces développements et ont exhorté le gouvernement à prendre des mesures immédiates avant qu'il ne soit trop tard. Elles ont toutefois insisté sur le fait que leurs actions ne sont pas « antigouvernementales ».
Selon les amendements proposés par la Commission européenne à la directive sur les droits d'accise sur le tabac (DACT), les usines de transformation nationales seraient tenues de verser d'énormes dépôts de garantie pour le paiement des droits d'accise — jusqu'à 300 millions de zlotys (environ 80 millions d'euros) par an et par entité. Les producteurs affirment que cette mesure entraînerait la faillite immédiate de l'ensemble du secteur.
Ces tensions entre les différents pays façonnent la position collective de l'UE à Genève.
D'un projet ambitieux à un compromis « édulcoré ».
Une fuite Projet de position de l'UE daté du 7 octobre 2025 ont présenté des propositions de grande envergure : possibles interdiction des filtres à cigarettes, interdictions de saveurs pour tous les produits du tabac, une déclaration plus stricte des fabricants et l'inclusion de tous les dispositifs à base de nicotine dans le cadre de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac.
Cependant, selon des rapports ultérieurs de Tableau.Médias et d'autres sources bruxelloises, un « proposition édulcorée » a été diffusée aux États membres, remplaçant plusieurs engagements contraignants par un langage plus prudent et discrétionnaire.
- Les références à une interdiction pure et simple des filtres auraient été remplacées par des formulations évoquant une « réduction progressive de la pollution due aux filtres ».
- Les interdictions obligatoires d'arômes sont devenues « une possibilité de réglementation, le cas échéant ».
- La formulation qui traitait tous les produits nicotinés de la même manière que le tabac a été révisée pour adopter une « approche au cas par cas, fondée sur des preuves ».
Ce changement reflète le sensibilités économiques et politiques entre les pays de l'UE, les États producteurs s'opposant aux interdictions pures et simples et les défenseurs de la réduction des risques cherchant une différenciation pour les produits à moindre risque.
Cette évolution souligne comment les négociations internes à l'UE peuvent tempérer les ambitions en matière de santé publique par le pragmatisme — une dynamique qui sera probablement visible à Genève.
L'évolution de la stratégie des géants du tabac
Les entreprises de tabac traditionnelles se sont repositionnées en tant que «sans fuméenous »risque réduitCes entreprises investissent massivement dans les technologies alternatives à la nicotine. Elles affirment que ces produits répondent aux objectifs de santé publique en offrant aux consommateurs des alternatives moins nocives.
Les critiques affirment que de telles affirmations masquent une dépendance persistante aux profits du tabac et mettent en garde contre des efforts stratégiques visant à retarder ou diluer la réglementation par le biais du lobbying, des campagnes de relations publiques et du financement de recherches sélectives.
Les rapports techniques de l’OMS à la COP11 soulignent ces risques, insistant sur la vigilance dans l’application de l’article 5.3 afin d’« éviter les conflits d’intérêts entre la politique de santé et les intérêts commerciaux ».
Dimensions fiscales et économiques
Au-delà de la santé, le tabac demeure une source de revenus essentielle : les droits d’accise de l’UE rapportent plus de € 70 milliards par anLes décideurs politiques doivent trouver un équilibre entre la tarification dissuasive et commerce illicite et contrebande transfrontalière, notamment là où les taux d'imposition divergent.
Le cours révision de la directive sur les droits d'accise sur le tabac (DACT) Ce projet vise à moderniser la réglementation applicable aux nouveaux produits nicotinés. Les partisans de l'harmonisation affirment que des taux minimaux uniformes permettraient de combler les lacunes juridiques ; les opposants mettent en garde contre le risque qu'une uniformité excessive ne pénalise les petites économies ou n'alimente le marché noir.
société civile et transparence
La décision de l'ENSP d'organiser sa conférence de 2025 à Belgrade, hors de l'UE, symbolise l'évolution des relations entre Bruxelles et les ONG de santé publique. Les défenseurs de cette cause affirment que la réduction des financements européens limite leur capacité à contrer le lobbying de l'industrie à un moment crucial.
Les groupes de défense de la transparence appellent quant à eux à un respect plus strict des règles. Obligations de l'article 5.3La Commission veille à ce que les réunions entre les fonctionnaires de l'UE et les représentants de l'industrie soient rendues publiques. Elle affirme que son processus d'élaboration des politiques demeure transparent et indépendant.
Que voir à Genève ?
Les délégués à la COP11 et à la MOP4 devraient débattre des points suivants :
- Harmonisation fiscale mondiale et l'extension à de nouveaux produits ;
- Mise en œuvre du protocole de lutte contre le commerce illicite et l’indépendance des systèmes de suivi et de traçabilité ;
- Réglementation des cigarettes électroniques, des sachets de nicotine et des dispositifs de tabac chauffé;
- Mesures environnementales, y compris d'éventuelles restrictions sur les filtres à cigarettes ;
- Protection de l'élaboration des politiques contre l'influence commerciale aux termes de l’article 5.3 ;
- Soutien aux pays en développement transition hors de la culture du tabac.
Les compromis internes de l'UE détermineront la force avec laquelle elle défendra ces mesures sur la scène internationale.
Un moment décisif mais nuancé
Pour les décideurs politiques, les scientifiques et la société civile, les réunions de Genève marquent un tournant décisif dans la définition de la prochaine étape de la politique en matière de tabac et de nicotine. Le défi pour l'Europe est de concilier protection de la santé et innovation, et de veiller à ce que la future législation – qu'elle soit prohibitionniste ou axée sur la réduction des risques – reste fondée sur des données probantes et transparente.
Que se passe-t-il entre 15 et 22 Novembre Elle influencera non seulement la politique sanitaire mondiale, mais aussi la crédibilité de l'UE en tant que chef de file dans la lutte contre les maladies liées au tabac.
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