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Une voie pragmatique pour mettre fin au tabagisme en Europe

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L'Europe se trouve à un tournant décisif dans la lutte contre le tabagisme. Un rapport phare du Conseil européen pour l'innovation en matière de politique (EPIC) plaide avec force pour une refonte des politiques traditionnelles de lutte antitabac. Au lieu de s'engager sur la voie prohibitionniste, le rapport exhorte l'Union européenne à privilégier l'innovation et des stratégies pragmatiques de réduction des risques afin de sauver des millions de vies, tout en préservant la vitalité économique.

Publié début 2025, « La fin du tabagisme ? Comment l'Europe peut sauver des millions de vies tout en stimulant la croissance économique » de l'EPIC Les conclusions rejoignent un nombre croissant d'experts et d'institutions qui prônent des approches scientifiques et respectueuses des consommateurs en matière de consommation de nicotine. Le rapport souligne que la guerre actuelle contre le tabac en Europe, marquée par des interdictions strictes et des taxes élevées, n'a guère contribué à éliminer le tabagisme. Des millions de personnes fument encore, non par ignorance, mais en raison de leur dépendance et du manque d'alternatives attrayantes. Selon l'EPIC, la réglementation seule ne peut pas effacer des comportements profondément ancrés.

Questions soulevées dans le rapport de l'EPIC :


« La véritable question est de savoir si les politiques publiques reconnaîtront enfin la réalité – en adoptant l’innovation, en réduisant les dommages et en traitant les fumeurs comme des individus à soutenir plutôt que comme des consommateurs qui méritent d’être punis ».

« Alors que l’Europe est confrontée à des perspectives économiques et géopolitiques complexes, il est essentiel de comprendre l’interaction entre la demande et la réglementation pour élaborer des politiques à la fois économiquement saines et axées sur la santé publique. »

« Au lieu de céder l’industrie à des concurrents étrangers et à des marchés illicites, l’UE a la possibilité d’exploiter l’innovation, en veillant à ce que la croissance économique soit alignée sur les objectifs de santé. »

Il est nécessaire de s'orienter vers la réduction des risques, en rendant accessibles et abordables des produits à base de nicotine plus sûrs, comme le tabac chauffé, les sachets de nicotine et les cigarettes électroniques. Le succès de la Suède avec le snus, un produit du tabac sans fumée, illustre cette stratégie. Avec l'un des taux de tabagisme les plus bas d'Europe et des taux de cancer du poumon en baisse, la Suède prouve que lorsque les fumeurs disposent d'alternatives viables, la santé publique est gagnante.

Le succès de la Suède dans la réduction du tabagisme repose sur l'intégration de la réduction des risques dans ses stratégies de lutte antitabac et de santé publique, ainsi que sur l'accès à des alternatives réglementées pour les fumeurs souhaitant arrêter de fumer. Ce succès ne résulte pas d'interdictions ou de réglementations strictes, mais du fait que les décideurs politiques suédois promeuvent des méthodes de réduction des risques et permettent aux consommateurs adultes de choisir des alternatives moins risquées aux cigarettes classiques.

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L'argument économique est tout aussi convaincant. Le secteur de la nicotine contribue à hauteur de 215 milliards d'euros au PIB de l'UE – soit plus que les secteurs des télécommunications et du textile réunis – et emploie plus de 1.6 million de personnes. Les taxes sur le tabac génèrent 111.1 milliards d'euros par an, finançant des services publics allant de la défense à la santé. Surréglementer ou interdire des alternatives plus sûres risque non seulement de pousser les consommateurs vers des marchés noirs non réglementés, mais aussi de provoquer une instabilité économique et des pertes d'emplois.

Alors que l'UE révise sa directive sur les produits du tabac (DPT) et sa directive sur la fiscalité du tabac (DFT), l'EPIC met en garde contre les restrictions généralisées qui ne font pas la distinction entre les produits à haut risque et ceux à faible risque. Une approche fondée sur le continuum des risques, où les réglementations sont proportionnelles aux dommages, est essentielle. Des pays comme le Royaume-Uni, le Japon et la Suède ont déjà constaté une baisse du taux de tabagisme grâce à des politiques favorisant l'innovation et la réduction des risques. L'UE peut – et doit – suivre cet exemple.

Il existe des exemples de nombreux pays où l’interdiction du vapotage a déjà eu des conséquences négatives ou en aura à l’avenir.

L’Inde en fait partie, car elle a signé la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac en 2003 et interdit le vapotage en 2019. L’interdiction dans le pays a été un échec majeur, poussant les consommateurs vers le marché noir et les exposant au risque de consommer des produits plus risqués que ceux disponibles sur le marché légal.

Les experts internationaux et les défenseurs de la santé publique soulignent l’urgence d’aligner la réglementation sur les preuves et la réalité économique.

Professeur Gerry Stimson, professeur émérite à l'Imperial College de Londres et défenseur de la réduction des risques, souligne :

Bien que la nicotine crée une dépendance, elle est quasiment inoffensive pour la santé. C'est la fumée de tabac qui est nocive. Les cigarettes électroniques présentent un risque négligeable pour la santé.

Stimson a été une figure de proue dans la promotion de produits à base de nicotine plus sûrs comme alternatives au tabagisme.

Professeure Ann McNeill, professeur de dépendance au tabac au King's College de Londres, affirme :

« Les cigarettes électroniques sont environ 95 % moins nocives que le tabagisme. »

McNeill a mené des recherches approfondies sur la lutte antitabac et a été l'auteur principal d'un rapport de 2015 commandé par Public Health England, qui a conclu que les méfaits des cigarettes électroniques étaient considérablement réduits par rapport au tabagisme traditionnel.

Docteur Maciej Goniewicz, chercheur en lutte antitabac au Roswell Park Comprehensive Cancer Center, note :

« La cigarette électronique est un produit plus attractif pour les fumeurs. Ils inhalent toujours de la nicotine, mais c'est plus sûr. Ils ne la considèrent pas comme un médicament. »

Goniewicz souligne le potentiel des cigarettes électroniques comme outils efficaces de sevrage tabagique en raison de leur attrait pour les fumeurs à la recherche d’alternatives.

Ces analyses d’experts soulignent l’importance des approches de réduction des risques dans la lutte antitabac, en préconisant l’adoption de systèmes d’administration de nicotine plus sûrs pour réduire les risques pour la santé liés au tabagisme.

Le choix est clair : soit persister avec des politiques obsolètes et inefficaces, soit innover avec audace. En favorisant les alternatives, en soutenant les marchés réglementés et en adoptant la réduction des risques, l’Europe peut mettre fin à la crise sanitaire du tabagisme tout en renforçant sa résilience économique pour les décennies à venir.

La réduction des risques : un impératif de santé publique

Le principe de réduction des risques est déjà largement accepté dans d'autres domaines de la santé publique, des programmes d'échange de seringues pour les consommateurs de drogues aux campagnes de modération de la consommation d'alcool. Pourtant, en matière de tabac, l'UE persiste dans un modèle punitif qui ignore la réalité de la dépendance et le potentiel d'innovation. Plutôt que de reconnaître que de nombreux fumeurs ne veulent pas ou ne peuvent pas arrêter de fumer, la réglementation actuelle limite leur accès à des alternatives moins risquées. Le rapport de l'EPIC appelle à une évolution rationnelle : promouvoir des produits moins nocifs, les réglementer de manière proportionnée et sensibiliser le public à leurs risques relatifs. Ce n'est qu'à cette condition que la prévalence du tabagisme pourra être efficacement réduite dans l'ensemble de l'UE.

La résilience économique grâce à l'innovation

Le paysage économique européen est sous pression en raison de l'inflation, de la concurrence internationale et d'un besoin croissant d'investissements. L'industrie du tabac, et notamment ses produits de nouvelle génération, représente une source résiliente de recettes fiscales, d'emplois et d'exportations. Le rapport EPIC souligne que plus de 111 milliards d'euros de recettes fiscales proviennent chaque année des produits du tabac. Supprimer ou surréglementer ces produits risque de compromettre les budgets nationaux. Pire encore, l'absence d'alternatives plus sûres pourrait déplacer la demande des consommateurs vers les marchés illicites, où la sécurité, la qualité et la fiscalité sont compromises. Soutenir la transition réglementée vers des produits à risque réduit pourrait garantir une assiette fiscale stable, préserver les emplois et améliorer les résultats en matière de santé publique.

Leçons mondiales : le Royaume-Uni, le Japon et la Suède

Les réussites d'autres pays constituent des preuves convaincantes en faveur d'une stratégie équilibrée, axée sur la réduction des risques. Au Royaume-Uni, la campagne « Swap to Stop » intègre le vapotage au sevrage tabagique, entraînant une baisse constante des taux de tabagisme. Le Japon a eu recours à des politiques fiscales différenciées pour inciter les fumeurs à délaisser la cigarette et à se tourner vers les produits à base de tabac chauffé, réduisant ainsi les ventes de cigarettes de plus de 40 % en quelques années seulement. La Suède, qui a adopté de longue date le snus et désormais les sachets de nicotine, a déjà atteint l'objectif de non-tabac fixé par l'UE pour 2040, avec 16 ans d'avance. Ces modèles démontrent que des alternatives bien réglementées et moins risquées peuvent réussir là où la prohibition échoue.

Le carrefour réglementaire

L'UE est censée réviser la directive sur les produits du tabac (DPT) et la directive sur la fiscalité du tabac (DFT), deux textes législatifs clés qui façonneront l'avenir de la réglementation sur la nicotine en Europe. L'EPIC exhorte les décideurs politiques à adopter une approche sur mesure plutôt qu'une approche universelle. Les combustibles traditionnels doivent rester strictement réglementés en raison de leurs risques sanitaires élevés. Néanmoins, les nouveaux produits, manifestement plus sûrs, méritent un cadre distinct. L'innovation ne doit pas être étouffée par l'idéologie. Au contraire, une réglementation fondée sur les risques devrait être mise en place pour soutenir les objectifs de santé publique tout en garantissant la croissance économique. Ce faisant, l'UE peut se positionner comme un leader mondial en matière de politiques de santé publique progressistes et de compétitivité industrielle.

Un avenir intelligent à portée de main

Mettre fin au tabagisme en Europe n'est pas un fantasme : c'est une vision de santé publique réalisable qui attend d'être concrétisée. Mais cela exige du courage, des politiques fondées sur des données scientifiques et la volonté politique de changer. La réduction des risques n'est pas une concession à l'industrie du tabac ; c'est une exigence de réglementation plus intelligente qui sauve des vies tout en protégeant l'économie européenne. Comme le conclut l'EPIC, l'UE a une occasion historique d'inverser la tendance, non pas en luttant contre les fumeurs, mais en leur donnant les moyens de faire des choix plus sûrs.

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