Énergie
Il est temps d’opérer une transition énergétique intelligente : l’Europe peut-elle devenir plus que simplement verte ?
L'énergie verte de l'Europe : un leadership climatique sans successeur
Le Pacte vert a indéniablement transformé l'économie européenne. L'UE mène la lutte mondiale contre le changement climatique, est en bonne voie pour atteindre la neutralité climatique d'ici 2050 et ambitionne désormais d'aller encore plus loin avec un objectif ambitieux. Objectif intermédiaire de 90 % pour 2040 Cette dynamique a mobilisé d'importants investissements dans les énergies renouvelables et un changement culturel en faveur de la durabilité, positionnant l'Europe comme un pionnier du climat. écrit Philip Lowe, ancien directeur général de la concurrence et de l'énergie à la Commission européenne.
Mais soyons honnêtes : notre politique climatique a également été trop unilatérale. Les règles favorables au changement climatique sont souvent trop prescriptives, sans suffisamment de prise en compte de la compétitivité industrielle ou des risques géopolitiques. Alors que ses concurrents mondiaux traînent les pieds, l’Europe risque de perdre progressivement son avantage concurrentiel si elle continue de durcir ses restrictions et ses normes.
La transition énergétique durable de l'Europe exige jusqu'à € 1 trillions d'investissements annuels supplémentaires jusqu'en 2030, alors même que les budgets des États membres sont sous pression. Une grande partie de ce coût pèse sur l'industrie, déjà pénalisée par la hausse des prix de l'énergie. Le rapport Draghi sur la compétitivité de l'UE le montre clairement : les prix de l'électricité industrielle en Europe sont deux à trois fois plus élevés qu'aux États-Unis et en Chine, en raison de l'organisation du marché de l'énergie, des taxes et de la tarification du carbone. La hausse des prix de l'électricité a été répercutée sur les consommateurs, avec un coût moyen de l'électricité. Prix des ménages de l'UE en hausse d’environ 16 % entre 2020 et 2023, un chiffre qui pourrait être encore plus élevé en raison du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF).
Malheureusement, l’Europe risque de devenir moins compétitive et plus chère et pourrait rester désavantagée pendant des années.
Il n’y aura pas d’énergie verte sans énergie intelligente
Ces risques structurels ont incité 73 chefs d'entreprise européens, soutenus par 1 300 organisations, à publier la Déclaration d'Anvers en 2024, appelant à un Pacte industriel vert. Leur message était clair : l'ambition doit aller de pair avec la puissance industrielle. À quoi bon être le plus vert si nous devenons les plus faibles économiquement ?
Heureusement, ces thèmes clés ont été intégrés au discours sur l'état de l'Union d'Ursula von der Leyen. Cependant, l'ambition verte de l'Europe ne peut à elle seule se traduire par une influence géopolitique généralisée et a, du moins à court terme, affaibli sa compétitivité dans des secteurs comme l'automobile, l'acier, le ciment ou l'industrie lourde.
L’Europe ne peut pas se contenter de se reposer sur son soft power, elle doit devenir une « smart power » et intégrer son leadership climatique à des formes de puissance qui renforceront notre compétitivité industrielle, notre sécurité énergétique, notre résilience économique et surtout notre leadership technologique.
Il est encourageant de constater que la Commission a commencé à s'orienter vers le renforcement de sa puissance économique tangible. Elle doit désormais aller plus loin, plus vite et plus intelligemment.
Technologies stratégiques : notre passerelle vers l'énergie intelligente
De mon expérience en tant que directeur général de l'Énergie et de la Concurrence, une conclusion s'impose : l'innovation est le maillon manquant de la puissance européenne. La technologie peut nous faire passer du soft au smart.
L'intelligence artificielle (IA), la numérisation, la gestion avancée de l'énergie et l'intégration des systèmes peuvent engendrer des changements radicaux en matière d'efficacité, optimiser les réseaux et équilibrer l'offre et la demande au-delà des frontières. L'IA peut prévoir la demande, accélérer le déploiement des énergies renouvelables et permettre la maintenance prédictive et le contrôle autonome. En résumé, l'IA est désormais au cœur de la compétitivité industrielle et de la sécurité énergétique de l'Europe. Mais nous devons l'utiliser à bon escient. Les centres de données consomment déjà environ 3 % de l'électricité de l'UE, et la demande actuelle pourrait tripler d'ici 5 à 7 ans. Cette demande nécessitera une énergie propre et fiable.
La convergence IA-énergie transforme déjà les marchés hors d'Europe. En juillet 2025, l'administration américaine a dévoilé une vaste initiative IA-énergie dotée de 70 à 100 milliards de dollars, prenant ainsi la tête du programme IA-énergie. De même, l'édition 2025 de l'ADIPEC, la plus grande conférence et exposition mondiale sur l'énergie, qui se tiendra en novembre à Abou Dhabi, a accordé cette année un rôle central à l'IA, réunissant plus de 200 000 professionnels et décideurs du secteur pour explorer des solutions intelligentes visant à renforcer la résilience du secteur énergétique. Si l'Europe choisit de ne pas prendre les devants, elle devra suivre – une fois de plus.
Pour être à la hauteur de ce moment, l’UE a besoin de politiques claires, ciblées et axées sur la technologie : aligner les stratégies énergétiques et numériques autour de la convergence IA-énergie ; soutenir un mix énergétique équilibré – énergies renouvelables, nucléaire et gaz flexible ; et fournir un allègement limité dans le temps aux industries à forte consommation d’énergie, lié à des étapes d’efficacité et de réduction.
La puissance intelligente de l’Europe est la condition préalable à son énergie verte, et aucune demi-mesure n’y parviendra : nous devons donner la priorité aux investissements technologiques audacieux et adopter des politiques plus ciblées et plus précises qui donnent à la fois de l’intelligence et une réelle force à nos ambitions vertes.
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