NATO
L’Europe à la croisée des chemins : s’unir ou rester à la traîne ?

Et voilà ! Le très attendu sommet OTAN 2025 touche à sa fin. Après de longs désaccords entre les dirigeants européens et l'administration américaine actuelle, un accord a finalement été trouvé : les États membres de l'OTAN consacreront 5 % de leur PIB aux dépenses de défense, dont 3.5 % à la défense de base et 1.5 % supplémentaire aux infrastructures critiques et aux mesures de défense modernes, notamment la cybersécurité. écrit le Dr Helena Ivanov, chercheuse associée à la Henry Jackson Society,
Le président Trump est apparu visiblement satisfait, déclarant que les États-Unis restaient attachés à l’article 5 – le principe fondamental de l’OTAN selon lequel une attaque contre un membre est une attaque contre tous. 2 Cette déclaration répondait à l'inquiétude croissante de nombreuses capitales européennes face à l'affaiblissement des garanties de sécurité américaines. Cependant, cet engagement était assorti d'une condition : il semble conditionné au respect par les autres membres de l'OTAN de l'objectif de dépenses de 5 %.3
À première vue, le sommet peut sembler avoir apporté les deux résultats fondamentaux espérés par beaucoup : un engagement renouvelé en faveur de la défense collective et une promesse sérieuse d’accroître les investissements militaires. Mais à y regarder de plus près, il devient évident que les tensions persistent et pourraient bien s’intensifier.
De nombreux membres de l'OTAN demeurent profondément inquiets de l'approche transactionnelle du président Trump en matière de politique étrangère – une approche qui s'est manifestée par son ambivalence envers la guerre en Ukraine et le conflit au Moyen-Orient. Son imprévisibilité et son affinité apparente avec les hommes autoritaires continuent d'éroder la confiance. Même avec un engagement formel en matière de dépenses, le consensus politique qui le sous-tend est fragile. L'Espagne a catégoriquement refusé d'approuver l'objectif de 5 %, la Slovaquie reste hésitante, et plusieurs grandes économies – notamment la France, la Belgique et l'Italie – ont peu de chances de l'atteindre sans perturbations politiques et économiques majeures. 4 Il reste à voir quelles conséquences cela pourrait avoir du côté de Washington.
De plus, le sommet n'a pas abordé le sujet le plus controversé de l'alliance : la guerre en Ukraine. Si le président Trump a rencontré le président Zelensky en marge de la rencontre, il n'y a guère eu d'alignement stratégique entre les États-Unis et l'Europe. Il n'existe toujours pas de consensus clair sur la manière de traiter avec la Russie ni sur la structure du soutien à long terme à l'Ukraine. 5 De nombreux dirigeants européens restent méfiants face à la posture inhabituellement chaleureuse de Trump envers le président Poutine, ce qui suscite de nouveaux doutes quant à la cohérence future de l’alliance.
Ce manque de clarté et d'unité est aggravé par la méfiance profonde qui caractérise désormais les relations transatlantiques. Alors que des adversaires comme la Russie et la Chine sont prêts à exploiter le moindre signe de division, l'Europe est également confrontée à des menaces internes. Au sein de l'UE, des pays comme la Hongrie continuent de contester ouvertement les politiques communes, affaiblissant ainsi la capacité de l'Union à présenter un front uni. Sur le plan interne, la polarisation s'accroît au sein des sociétés, menaçant de l'intérieur la cohésion et la stabilité démocratiques.
Si le sommet de l'OTAN a certes permis de faire la une des journaux concernant des progrès, il serait erroné de le considérer comme un tournant. Au mieux, il s'agissait d'un correctif temporaire sur une ligne de fracture grandissante.
Comme l'affirme le prochain rapport de la Henry Jackson Society, l'Europe doit saisir cette occasion pour tracer une nouvelle voie. Une plus grande unité est essentielle, et une augmentation des dépenses de défense est un élément nécessaire de cette équation. Mais il ne suffit pas d'argent. L'Europe doit aussi devenir plus autonome, moins dépendante de la bonne volonté de la Maison Blanche, surtout lorsque cette bonne volonté apparaît conditionnelle et instable.
À cette fin, notre rapport établit une feuille de route pour la résilience européenne. Nous soutenons que chaque pays de l'UE devrait consacrer au moins 3 % de son PIB à la défense. Cela permettrait non seulement de renforcer l'architecture de sécurité européenne, mais aussi de stimuler les industries nationales et d'accroître la crédibilité géopolitique. Des réformes structurelles doivent accompagner ces dépenses, notamment la création d'un Envoyé de l'UE pour la défense, chargé de coordonner la stratégie au plus haut niveau, et la création d'un Conseil européen de la défense, chargé de rationaliser les achats et la prise de décision.
Le sommet de l'OTAN a peut-être apporté une certaine assurance à court terme, mais il n'a pas résolu le problème sous-jacent : la fragilité des relations entre Washington et Bruxelles. Pour l'instant, la stabilité dépend de la capacité des membres de l'OTAN à satisfaire le président – un fondement peu rassurant pour une planification sécuritaire à long terme. L'Europe ne peut plus se permettre d'attendre passivement la prochaine crise. Elle doit agir – pour renforcer ses propres capacités, affirmer sa propre orientation stratégique et devenir un acteur de sécurité à part entière.
1 https://www.reuters.com/world/leaders-gather-nato-summit-trump-brokered-israel-iran-ceasefire-holds-2025-06-25/
2 https://www.reuters.com/world/leaders-gather-nato-summit-trump-brokered-israel-iran-ceasefire-holds-2025-06-25/
3 https://www.npr.org/2025/06/26/nx-s1-5445845/trump-nato-summit
4 https://www.npr.org/2025/06/26/nx-s1-5445845/trump-nato-summit
5 https://www.reuters.com/world/leaders-gather-nato-summit-trump-brokered-israel-iran-ceasefire-holds-2025-06-25/
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